Y a-t-il erreur sur la marchandise ? La description divergente des Instituts Confucius par les universités et les écoles qui les accueillent en Occident et par le régime communiste chinois qui les développe et les finance soulève de sérieuses questions. Selon une enquête menée par le site Politico, du point de vue chinois, les Instituts Confucius sont avant tout un instrument de propagande, de soft power et d’infiltration.
 
En revanche, sur le site de l’université Paris 7, comme sur ceux d’autres universités et écoles qui ont ouvert des Instituts Confucius financés par la République populaire de Chine en France (où il y en a une quinzaine), en Europe et dans le monde (plus de 500 en tout), l’Institut Confucius est présenté comme un simple centre d’apprentissage de la langue et de la culture chinoises ainsi que d’échanges franco-chinois : « L’Institut Confucius de l’Université Paris Diderot est, au-delà de la découverte et de l’apprentissage de la culture chinoise (langue et civilisation), un pôle d’échanges franco-chinois associant des acteurs de la vie économique et sociale chinoise et française à travers des séminaires et rencontres.

Les Instituts Confucius servent le soft power de la Chine communiste de l’aveu même de ses dirigeants

Pourtant, ceux qui ont développé ces réseaux d’instituts ont été très clairs sur leurs intentions. En 2011, Li Changchun, membre du Politburo chinois, donnait sa propre version. « L’Institut Confucius est une marque séduisante qui permet d’étendre notre culture à l’étranger », expliquait-il selon des propos rapportés par Politico, « il a grandement contribué à l’amélioration de notre soft power. La marque “Confucius” est naturellement attrayante. Avec l’excuse de l’enseignement de la langue chinoise, tout semble raisonnable et logique ». En 2009, le même Li avait parlé de ce réseau d’Instituts Confucius comme d’un « élément important du système de propagande chinois à l’étranger ». Et en 2010, le ministre de la propagande du régime chinois, Liu Yunshan, expliquait à l’intention de ses compatriotes dans un article du Quotidien du peuple : « Pour ce qui est des questions essentielles en lien avec notre souveraineté et notre sécurité, nous devons mener activement nos batailles internationales sur le terrain de la propagande dans les domaines comme le Tibet, le Xinjiang, Taïwan, les droits de l’homme et Falun Gong. (…) Nous ferions bien de créer et de gérer des centres culturels et des Instituts Confucius à l’étranger. »

C’est le régime communiste chinois qui finance les Instituts Confucius, et il ne paye pas que pour promouvoir la langue chinoise

Selon Politico, le régime communiste chinois consacre 10 milliards de dollars par an à sa politique de propagande dont fait partie la création et la gestion des Instituts Confucius. Ainsi que le fait remarquer le site américain The New American qui s’inquiète du développement de ces instituts aux Etats-Unis (où il y en a plus de 100), le département du ministère de l’Education chinois responsable des Instituts Confucius est sous la responsabilité directe du Politburo chinois et non pas des spécialistes de l’éducation du ministère (qui sont eux aussi forcément membres du Parti communiste). Pour The New American, aux Etats-Unis le réseau d’Instituts Confucius sert aussi à des activités d’espionnage et de surveillance des Chinois à l’étranger. En tant que tels, ils peuvent constituer une menace pour la sécurité nationale.
 
Si c’est vrai pour les Etats-Unis, c’est sans doute vrai aussi pour les pays européens d’implantation des Instituts Confucius, France comprise.

Olivier Bault

Source : Réinformation.tv

Depuis un certain temps déjà, les législateurs américains attirent lattention sur la menace que représentent les instituts Confucius en Amérique. Aujourdhui, les politiciens du Royaume-Uni soulignent également les dangers liés à ces institutions financées par le Parti communiste chinois (PCC) en Grande-Bretagne.

Un danger pour le Royaume-Uni

Selon le Parti communiste chinois, les instituts Confucius visent à promouvoir la culture chinoise à travers le monde. Il existe environ 525 Instituts Confucius dans le monde entier, dont 29 au Royaume-Uni. Entre 2006 et 2016, le régime chinois aurait dépensé aux alentours de 2,17 milliards de dollars américains pour l’entretien de ces instituts. De nombreux rapports soulignent que la Chine utilise ces instituts pour promouvoir son idéologie communiste dans le monde entier. Cette situation est perçue comme une menace pour une société démocratique et libre comme le Royaume-Uni.

Fiona Bruce, députée, présidente de la Commission des droits de l’Homme du Parti conservateura déclaré : « Bien que nous saluons et encouragions l’enseignement des langues et les échanges culturels, nous pensons qu’il est nécessaire de procéder à un examen pour déterminer si les instituts Confucius représentent une menace pour la liberté académique, la liberté d’expression, d’autres droits fondamentaux et même la sécurité nationale. Nous croyons également qu’il est juste de faire une évaluation pour s’assurer que le programme d’études enseigné dans les instituts Confucius est équilibré, indépendant, holistique et complet. » (Conservative Human Rights).

Les politiciens du Royaume-Uni soulignent les dangers que représentent les institutions financées par le Parti communiste chinois (PCC) en Grande-Bretagne. (Image: Kreeder13 / Wikimedia)
Les politiciens du Royaume-Uni soulignent les dangers que représentent les institutions financées par le Parti communiste chinois (PCC) en Grande-Bretagne. (Image: Kreeder13 / Wikimedia)

Les instituts Confucius ont des règles strictes pour les personnes qui posent leur candidature en tant qu’enseignants. Par exemple, les personnes qui pratiquent le Falun Gong ne sont pas autorisées à enseigner à l’université. Cela va manifestement à l’encontre de la loi laïque du Royaume-Uni qui considère une telle discrimination religieuse dans les lieux d’enseignement comme illégale et immorale. L’Institut refuse également de discuter de sujets tels que le massacre de Tiananmen en 1989, la suppression des minorités tibétaines et ouïghoures, l’indépendance de Taïwan, etc.

Le Canada prend des mesures

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick, au Canada, a récemment décidé de mettre fin aux programmes de l’Institut Confucius dans les salles de classe. Cette décision a été prise à la suite de rapports selon lesquels l’institut censurait des contenus qui montraient la Chine sous un mauvais jour et n’enseignait que des sujets approuvés par le Parti Communiste Chinois. Les instituts Confucius ont été lancés en 2008 et fonctionnaient dans environ 28 écoles de la province en 2016.

Dominic Cardy, ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance au Nouveau-Brunswick a déclaré : « Leur travail consiste a créer une image amicale et joyeuse d’un gouvernement qui est responsable de plus de morts que tout autre dans l’histoire de notre espèce… Et je ne pense pas que dans un système d’éducation qui est censé véhiculer et transmettre nos valeurs à la prochaine génération, il soit approprié de se montrer ouverts face à un gouvernement qui se comporte de cette façon ». (The Epoch Times).


Dominic Cardy, ministre de l'Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick, Canada. (Image: Facebook)
Dominic Cardy, ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance
du Nouveau-Brunswick, Canada. (Image : Facebook)

Une lettre a été envoyée à l’Institut Confucius pour mettre un terme à ses programmes d’enseignement. La fermeture était prévue pour le mois de juin. Cardy avait reçu des plaintes de la part de cinq étudiants révélant que certains sujets avaient été interdits à l’institut. Un étudiant a essayé de discuter de l’indépendance de Taïwan et le professeur lui aurait déclaré qu’un tel sujet ne pouvait pas être abordé.

En plus du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis, plusieurs autres pays démocratiques ont également exprimé leurs préoccupations quant à l’influence des instituts Confucius dans leurs établissements d’enseignement. En juin 2018, Rob Stokes, un législateur australien, avait soutenu que le fonctionnement des  instituts n’était pas clair et qu’ils étaient influencés par des « puissances étrangères inappropriées ». En Nouvelle-Zélande, l’universitaire Anne Marie Brady, qui a écrit sur l’influence négative des Instituts Confucius dans le pays, a reçu l’année dernière une lettre l’avertissant qu’elle serait attaquée pour ses opinions.

Source: Visiontimes